Leçon 5H5. La féodalité et l'affirmation de l'Etat

Vers l'an mil, le royaume de France doit faire face à de nouvelles invasions barbares (Sarrasins, Hongrois, et surtout Normands). Pour mieux le défendre, les rois ont divisé le royaume en de vastes territoires qu'ils confient à de grands seigneurs, ducs ou comtes.

Afin de protéger la population, ces grands seigneurs édifient des mottes castrales qui se transforment en de véritables châteaux-forts.

Le roi ne contrôle plus en fait qu'une partie de son royaume. Cette affaiblissement de son pouvoir et l'insécurité permanente donnent naissance à de nouveaux rapports entre les gens de guerre : la féodalité.

La carte ci-contre montre bien le morcellement du royaume de France après l'an mil. Le domaine royal constitué des terres personnelles du roi est le seul territoire que les premiers Capétiens contrôlent véritablement. Les grands seigneurs comme le duc de Normandie ou le comte de Toulouse sont quasiment indépendants du pouvoir royal.

On appelle "féodalité" l'ensemble des liens entre seigneurs alors que recule le pouvoir royal. Lors de l'hommage, le seigneur vassal jure fidélité et aide à son suzerain plus puissant qui le protège et lui fournit un fief. Il se construit ainsi une véritable pyramide des pouvoirs dite "féodale" basée sur les liens et serments de fidélité d'homme à homme.

Le roi n'est alors qu'un "seigneur parmi les seigneurs" mais il ne rend hommage à personne.

Dans la pyramide féodale, l'ensemble des flèches représentent les liens de fidélité d'homme à homme appelés vassaliques. Ils sont plus solides à la base de la pyramide entre chevaliers et petits seigneurs alors qu'au sommet, il est difficile parfois au roi d'imposer son autorité.

En 987, Hugues Capet est choisi par les grands seigneurs du royaume pour succcéder au dernier roi carolingien mort sans descendant. Dans la France féodale de l'an mil, il n'est alors qu'un seigneur parmi les autres seigneurs et son autorité ne déborde pas de ses terres personnelles, le domaine royal.

Cependant, il est sacré à Reims et son fils (ainsi que ses descendants) lui succèdent sans difficultés.

A partir du règne de Philippe Auguste (1180-1223), l'autorité du roi s'impose au sommet de la pyramide féodale et le domaine royal s'agrandit considérablement. Le roi devient le "seigneur de tous les seigneurs", surtout après sa victoire de Bouvines (1214).

Les trois cartes montrent l'évolution sur trois siècles du pouvoir royal de l'élection de Hugues Capet en 987 à la mort de Philippe IV le Bel en 1314.      On remarque l'agrandissement progressif du domaine royal qui permet au roi Capétien de devenir le premier seigneur dans son royaume ainsi que le recul des terres d'un seigneur dangereux pour le roi de France, le roi d'Angleterre.

Le roi est ses successeurs (Saint Louis, Philippe le Bel) renforcent leur pouvoir en nommant des baillis et des sénéchaux pour les représenter. Ils rédigent des ordonnances applicables dans tout le royaume. Après la Guerre de Cent Ans (1336-1453), le roi lève des impôts permanents et dispose d'une armée de métier (et non plus féodale) mobilisable à tous moments. Le sacre renforce et légitime le pouvoir royal comme le montre celui de Charles VII en 1429 réussi grâce à l'intervention de Jeanne d'Arc.