3H1. Civils et militaires dans la 1ère Guerre mondiale

Les grandes phases de la guerre (clique ici pour les connaitre en vidéo)

Depuis la fin du XIXème siècle, les tensions politiques et revendications territoriales, les disputes coloniales et rivalités commerciales sont vives entre nations et Etats européens rendant ainsi la paix fragile et précaire.  Le nationalisme exacerbé des puissances européennes et la course aux armements aboutissent à la mise en place de deux systèmes d'alliances antagonistes : la Triple-Entente (France, Royaume-Uni, Russie) s'oppose à la Triple-Alliance (empires allemand et austro-hongrois, Italie). L'assassinat du prince héritier François Ferdinand du trône d'Autriche-Hongrie (le 28 juin 1914) précipite l'Europe dans la guerre en déclanchant le mécanisme des alliances.

En août 1914, chaque camp pense alors l'emporter rapidement dans une guerre de mouvement. L'armée allemande appliquant le plan Schlieffen attaque la Belgique, pourtant neutre, afin d'envahir le territoire français, prendre de vitesse l'armée française et menacer Paris. L'offensive est repoussée in extremis par le général Joffre lors de la bataille de la Marne (9 sept) alors que le Royaume-Uni est entré en guerre à son tour. A l'est l'offensive du "rouleau compresseur russe" en Prusse orientale est finalement repoussée à Tannenberg (26-30 août) par le général allemand Hindenbourg.

A partir de la fin de 1914, la guerre s'enlise, le front se stabilise et les armées creusent des tranchées. Commence une guerre de position et d'usure marquée par des offensives violentes et meurtrières mais le plus souvent inefficaces. C'est le cas des contre-offensives françaises au printemps 1915 qui échouent et se heurtent aux solides défenses allemandes.

Les offensives de l'année 1916 cherchent à sortir de l'enlisement de la guerre de position. De grande ampleur et préparées avec plus de méthode par l'action de l'artillerie lourde, elles sont surtout très coûteuse en vies humaines  et ne permettent pas de gains stratégiques significatifs : alors que l'armée française tente difficilement de contenir l'avancée allemande à Verdun (fév. à déc), l'offensive de la Somme (juin à nov.) menée surtout par les troupes britanniques est un sanglant échec.

Sur le front de l'Est, les défaites russes face aux Allemands ainsi que les difficultés d'approvisionnement provoquent la colère des soldats mais aussi des populations civiles. La colère et le mécontentement grondent et la Révolution de février 1917 provoque le renversement du Tsar. Le nouveau régime cependant poursuit la guerre en opposition avec la volonté du peuple. En octobre 1917, éclate la seconde révolution dirigée par Lénine, chef des Bolcheviks ou révolutionnaires russes, qui décide le retrait de la Russie du conflit, l'armistice est signé en décembre 1917 et le traité de paix de Brest-Litovsk le 3 mars 1918.

A l'ouest, la meurtrière et inutile offensive du Chemin des Dames du général Nivelle mine le moral des troupes françaises : des mutineries éclatent dans les rangs d'une armée démoralisée. Afin de briser le blocus maritime organisé par l'Entente, l'Allemagne mène une intense guerre sous-marine mettant en péril le commece extérieur des USA avec l'Europe. Soutenant déjà financièrement et matériellement l'Entente, les USA du président Wilson entrent en guerre à ses côtés et déclarent la guerre à l'Allemagne le 6 avril 1917. Cependant les Sammies ou soldats américains ne sont pas encore assez nombreux ni expérimentés pour permettre d'entrevoir l'issue du conflit.

En Mars 1818, l'armée allemande débarassée du front russe lance la vaste offensive de l'Empereur ou Kaiserschlacht l'ouest et entend profiter de sa supériorité numérique provisoire. Sa progression sur 80 km est spectaculaire mais le front français n'est pas percé. Placées pour la première fois sous un commandement unique celui du généralissime Foch, les troupes de l'Entente lancent une contre-offensive à partir de juillet. Soutenues par les nouvelles armes que sont chars et avions, elles parviennent à passer les solides défenses de la ligne Hindenbourg et repoussent une armée allemande épuisée et démoralisée qui recule cependant en bon ordre jusqu'à ses frontières.

Alors dernier des empires centraux encore en guerre, l'Allemagne exsangue demande l'arrêt des combats : l'armistice est signé le 11 novembre1918 dans le wagon de Foch à Rethondes.

Des combats d'une grande violence...

Les nouvelles armes utilisées (mitrailleuses...) et les tirs intenses d'obus expliquent les pertes considérables lors de l'été 1914 et obligent les armées à s'enterrer pour être à l'abri des tranchées. L'armement traditionnel (fusils, baïonettes... ) ne permettent pas de sortir de la guerre de position qui s'éternise. De nouvelles armes sont mises au point (lance-flammes, grenades, gaz, artillerie lourde...) mais il fait attendre l'usage et la production industrielle des chars pour renouer avec la guerre de mouvement en 1918.

Les combats sont d'une rare violence et très meurtriers (voir ici en vidéo). Une bataille comme Verdun oppose pendant dix mois 1,3 million de combattants, fait 160 000 morts français et 140 000 côté allemand auxquels s'ajoutent plus de 400 000 blessés. 

La brutalisation des soldats et accompagnée de conditions de vie difficiles dans les tranchées : la boue, le froid, les rats, la soif et la faim font endurer aux Poilus les pires souffrances.

Une guerre à l'ampleur inédite

D'abord européenne, la guerre progressivement s'élargit au reste du monde. Les  belligérants s'appuient alors sur leurs empires et mobilisent des soldats coloniaux (tirailleurs sénégalais dans l'armée française, soldats canadiens, néo-zélandais, australiens, sud-africains des dominions britanniques...). Les combats ont lieu sur le continent européen (front de l'ouest, de l'est; des Balkans, du Caucase...) mais aussi au Moyen-Orient,  en Afrique, sur les mers et océans. Avec la guerre sous-matine dans l'Atlantique et l'entrée des Etats-Unis dans le conflit en 1917, celui-ci devient complétement mondial.

De 1914 à 1918, près de 65 millions d'hommes ont pris les armes. La plupart des pays en guerre  organisent la mobilisation générale de tous les hommes en âge de se battre.

Une guerre totale

Parce que les belligérants mobilisent toutes leurs forces et leurs ressources pour emporter la victoire, la guerre devient totale. L'arrière est mobilisé : les femmes remplacent les hommes aux champs et dans les usines. Les industries se reconvertissent  dans la production d'armement (ex. Renault produit camions et chars). Pour financer l'effort de guerre, les Etats s'endettent, augmentent  les impôts et ont recours aux emprunts auprès des citoyens.Enfin, les esprits sont aussi mobilisés : l'information est contrôlée par la censure. La propagande mensogère encourage la population à croire la guerre juste et bien conduite.

Dans cette affiche de 1918, Georges Capon montre le caractère totale de la guerre et le rôle décisf joué par les femmes.  Au premier plan, trois femmes se livrent à différentes activités : à gauche figure une « munitionnette », une ouvrière d’usine de guerre devant sa machine à tourner les obus. À droite, une paysanne bêche un champ de maïs. Au milieu, une mère allaite son nourrisson, alors que sa fillette lui tend une lettre probablement envoyée par son père mobilisé. Au second plan apparaît en médaillon une Marianne guerrière, casquée et cuirassée.

Un bilan humain lourd

Avec plus de 10 millions de morts, la Première Guerre mondiale est le conflit le plus meurtrier jamais connu à cette époque. La guerre laisse aussi des millions d'invalides gazés, traumatisés ou mutilés, (les "Gueules cassées") mais aussi veuves et orphelins.. Les civils ne sont pas épargnés et ont été victimes de cette violence de masse : villes et territroires du nord de la France et de Belgique ont été pillés et détruits, le peuple arménien victime d'un génocide dans l'empire ottoman pleure plus d'un million de morts...

Une paix insatisfaisante

A la suite de l'armistice du 11 novembre 1918, les traités de l'année suivante, comme celui de Versailles concernant l'Allemagne, déclarent celle-ci et ses alliés responsables de la guerre et leur imposent de sévères conditions de paix. La carte de l'Europe est complètement redessinée : les grands empires disparaissent et laissent place à une multitude d'Etats-nations nouveaux. L'Allemagne perd 13% de son territoire et 1/10 de sa population, son armée est réduite à 100 000 hommes et son territoire coupé en deux par le corridor de Dantzig. Pour veiller au maintien de la paix , la SDN (Société des Nations) est créée. une vague révolutionnaire inspirée de l'expérience russe gagne l'Europe (révolution spartakiste en Allemagne) et fragilise la paix.